Pendant longtemps les films d’époque était mâles, blancs et hétéros puisque le monde du cinéma était dirigé par les puissants aka les hommes blancs hétéros et que l’Histoire avait été écrite par les vainqueurs aka les hommes blancs hétéros. Evidemment, cela n’était pas très représentatif de la réalité.

Heureusement, les minorités ont gueulé et le cinéma a ouvert les yeux : les femmes, les LGBT+ et les personnes racisées existent ! (pour les personnes en situation d’handicap, il faudra encore attendre). Les studios de production ont tenté de rectifier la situation en nous sortant une ribambelle de biopics sur des LGB qui ont fait l’histoire.

En cette saison des remises de prix, on entend beaucoup parler des films royaux La Favorite (sur la reine Anne) et Marie Stuart, Reine d’Écosse (sur vos écrans le 27 février), mais aussi des plus contemporains Green Book (sur le musicien Don Shirley), Bohemian Rhapsody (sur Freddy Mercury) ou Can you ever forgive me ? (sur l’autrice Lee Israel – pas de sortie annoncée en France). 2018 nous a aussi donné des films moins acclamés comme Colette ou The Happy Prince (sur Oscar Wilde).

La vague des biopics LGB-friendly ne va pas s’arrêter avec l’hiver. Cette année, nous aurons aussi droit à des films sur les amours lesbiens des grandes autrices Virgina Wolf et Emily Dickinson avec respectivement Vita & Virginia (ça sort en avril, l’attente est trop longue) et Wild Nights With Emily (pas de sortie annoncée en France).

A part deux films (dont je vous en ai suffisamment parlé) qui excellent dans le genre “white/straight savior” (ce complexe du sauveur blanc/hétéro), ces films mettent en scène avec justesse la vie des personnes “queers” dans l’histoire — par simplicité, j’utiliserai ce terme pour décrire les LGBT du passé même s’il s’agit d’un anachronisme puisque les concepts d’homosexualité et de transsexualité (auquel on préfère désormais le concept de transidentité) n’ont fait leurs apparitions respectivement qu’au 19ème siècle et 18ème siècle.

En tant que société, nous connaissons très mal la vie des personnes queers du passé, à la fois parce qu’elles étaient moins visibles que maintenant, qu’elles ont été effacées des livres d’histoire et que leurs identités ne s’exprimaient pas comme celles des LGBT+ d’aujourd’hui. Il était temps que le cinéma s’intéresse à cet aspect de l’histoire.
Marie Stuart, Reine d’Écosse est un film agréable sur la rivalité et la sororité entre les reines Marie Stuart d’Écosse et Elisabeth 1ère d’Angleterre et leur lutte pour garder le pouvoir face à des hommes sexistes, avec une splendide Saoirse Ronan (comme d’hab) et une inintéressante Margot Robbie (comme d’hab). Son point fort : il montre la fluidité queer de la Renaissance.

La réalisatrice Josie Rourke s’est appuyée sur le livre de John Guy dans lequel il revisite l’histoire de Marie Stuart en prenant en considération la queerité de certains protagonistes souvent ignorée (il en parle ici). **Micro spoiler ahead** Dans le film, son confident David Rizzio et son mari Lord Darnley, surnommé “the great cock chick”, couchent ensemble. Apparemment, le Lord n’avait pas reçu le mémo sur l’interdiction de coucher avec le meilleur ami de sa femme. **fin du spoiler**

Dans cette très intéressante interview dans Queerty, Josie Rourke raconte qu’à l’époque l’homosexualité faisait partie intégrale de la vie de cour et que les queers s’aimaient (et baisaient) presque sans se cacher. Elle y explique aussi pourquoi elle a choisi des personnes non-blanches pour jouer des protagonistes blancs. Bref, c’est à lire.

L’histoire n’est pas une science exacte, on ne sait jamais vraiment ce qu’il s’est passé derrière les portes fermées. Ce biopic, comme les autres, a fait des choix d’interprétation pour obtenir une histoire cohérente à partir de faits et d’informations manquantes. Et comme souvent, l’équipe a fait des choix scénaristiques pour augmenter le drama – mettent en scène une rencontre qui n’a jamais existé par exemple. Mais l’essentiel est là, la renaissance était queer.

Là où Marie Stuart ne montre que des hommes queers, La Favorite, Colette, Vita & Virginia s’intéressent à des femmes queers du 18ème, 19ème et début 20ème. A-LLE-LU-IA. Comme les hommes de la Renaissance, les femmes queers de ces époques ne se définissaient pas lesbiennes, elles étaient juste en couple avec des femmes (et leurs maris étaient parfois au courant). Ces films le montrent bien. Les héroïnes y ont les mêmes problèmes que les hétéros : jalousie, manipulation, amour, tendresse, hot sex.

C’est génial, MAIS (car il y a toujours un mais). Cette déferlante de biopics queers s’accompagne aussi par une absence de films grand public mettant en scène des personnages queers contemporains ou fictifs cette année. Comme si l’Histoire permettait de raconter plus facilement nos histoires, comme si la patine du temps rendait les vies LGBT plus respectables, comme s’il fallait que les personnes queers soient célèbres pour intéresser le grand publics, comme si montrer les gens queers qui nous entourent là, maintenant, ce serait trop. Trop réel.

Le même mécanisme avait été à l’action avec la représentation des personnes noires. Le retour des films noirs avait commencé avec des Hidden Figures (hi Janelle !!) et des 12 Years A Slave avant de donner vie à des Get Out et des Black Panthers. J’ai hâte qu’on ait notre Sorry To Bother You queer !

Sortez le pop-corn ?

? Colette, de Dominic West

Question biopics queers en ce moment en salle, j’aurais pu vous parler de La Favorite. Drôle, moderne, original, beau et captivant, c’est un coup de coeur. Mais, j’avais envie de vous parler de l’autrice Colette.

Colette, c’est un peu la Virginie Despentes du siècle dernier. Si elle avait vécue à notre époque, on l’aurait probablement considérée pansexuelle, polyamoureuse et rock. Libérée du qu’en-dira-t-on, elle a été danseuse peu habillée, a chopé sa meuf sur la scène du Moulin Rouge et a écrit des romans libertins. Il était temps qu’un film soit fait sur elle.

Colette est un film assez classique mais il aborde sans fard la relation de l’autrice avec son premier mari, le début de sa carrière et son passage à l’action saphique. On retrouve derrière la caméra le réalisateur gay Dominic West et devant l’amie des LGBT Keira Knightley et cela fait toute la différence. Les scènes de sexe ont été allégées pour éviter le male gaze (c’est une façon de faire…) et on aperçoit ses aisselles non rasées (de l’importance des détails). Côté casting, Dominic West a choisi des acteurs et actrices trans pour jouer des personnages cis. Yes !

? Leah à contretemps, de Becky Albertalli

Après avoir vu Love, Simon au ciné, j’étais trop euphorique pour pouvoir reprendre ma vie normale alors j’ai téléchargé la suite du livre dont est adapté le film et je l’ai fini dans la nuit. Comprenez, c’est un livre sur une adolescente bi qui fait référence à Harry Potter toutes les dix pages (et vous savez à quel point les livres sur les femmes bi/pan, it’s my shit).

On y retrouve Simon et Bram et une tripotée d’autres personnages. La diversité sociale, ethnique, physique et d’orientation des personnages donne une véritable fraîcheur et profondeur au bouquin. Le crush de Leah sur une nana qu’elle pense hétéro est soooo real. Garanti gloussage.

Le livre français est dispo aux éditions Hachette Romans – vous pouvez aussi lire la VO en ebook

L’actu paillettes ✨

Billy Eichner est un acteur/humoriste gay très connu aux US. Il sera la star d’une comédie romantique centrée sur un couple gay et produite par Judd Apatow. Je répète : une comédie romantique grand public portée par des stars US. C’est une annonce historique ! [Variety]

Je n’ai pas vu Velvet Buzzsaw parce que je suis une poule mouillée. Je vous laisserai donc avec cette critique très drôle : Jake Gyllenhaal Never Had Gay Sex in Velvet Buzzsaw and I’m Mad. [Out]

Surprise : Vincent Maniève a vu Nicky Larson et c’est homophobe. [@VincentMnV]

Auto-promo : j’ai squatté le podcast de Cheek pour parler d’Eric dans Sex Education et de la représentation des ados LGBT dans les séries 😮 [Cheek]

Besoin de vous remonter le moral ? Voici une vidéo qui condense deux minutes de regards langoureux et baisers lesbiens au cinéma. Aucune mort, que de l’amour. [@elbirdilara]

Il est là : le premier teaser de la série Vernon Subutex. Aura-t-on la première série queer de France ? [HuffPost]

 

Le crush unicorn : Gus Kenworthy ?

J’ai toujours pensé que le ski était un sport de gens chiants #teamsnowboard. Et puis, les JO de Pyeongchang ont eu lieu et Gus Kenworthy est entré dans ma vie (et l’histoire). Niveau médaille, ce n’était pas une bonne année pour le skieur freestyle américain (il est reparti bredouille) mais niveau perso… A sa surprise, la caméra l’a traité comme n’importe quel joueur et a retranscrit en direct son baiser avec… son mec (l’acteur Matt Wilkas) ! HISTORY !

Lors des mêmes Jeux, Gus rencontre l’autre sportif out de l’équipe : Adam Rippon. C’est un coup de foudre amical entre le skieur masc et le patineur artistique fem (preuve que tou·tes les LGBT+ sont potes ?). Ils s’amusent de façon ultra gay sur les réseaux sociaux, affichent leur amitié garantie zero masculinité toxique, assument leur culture gay (non mais mattez-moi ce drapeau) et assomment Mike Pence. Faites-vous plaisir, lisez-moi cette interview (et matez le shooting incroyablement hoooot)

Alors depuis quand on parle de sportifs ici ? Depuis que ce sont des stars ! Adam chéri est littéralement une star puisqu’il a gagné dans Dance with the stars en avril 2018 et fut le mec le plus photographié aux Oscars 2018 because costume-harnais et maxi swag. Quant à Gugus, Ryan Murphy vient d’annoncer qu’il jouera dans la 10ème saison d’American Crime Story. Je ? toute seule dans mon salon

Le quart d’heure musical ?

Cinq chansons 100% artistes queer. A retrouver sur Spotify et Deezer !


Je vous laisse avec cet extrait de La Favorite. Si ça ne vous donne pas envie de voir ce film, je ne comprends plus rien.

Tendres baisers, Aline