Ce n’est pas un hasard si j’ai lancé cette newsletter cette année : it’s #20Gayteen, bitches! On les voyait venir depuis quelque temps les jeunes LGBT+ anglophones. Hyper fier·es, décomplexé·es, bien décidé·es à changer la donne. En janvier dernier, la chanteuse Hayley Kiyoko – fidèle à son surnom de Lesbian Jesus – a décidé qu’il était temps pour sa génération de changer le monde. D’un tweet, elle a rebaptisé la nouvelle année “20Gayteen” (twenty eighteen/twenty gayteen… got it?) et internet a adoré.
Son message : les jeunes queers* vont prendre d’assaut la pop. Et elle a vu juste. Cette année a vu l’explosion de Troye Sivan (23 ans), King Princess (19 ans), MNEK (24 ans), Years & Years et son lead singer Olly Alexander (28 ans), pour ne citer qu’iels. Ces jeunes ne sont pas juste out depuis le début de leur carrière, iels se sont complètement délesté·es des normes hétéros, iels brillent par leur fluidité et leur fierté, se comportent avec la confiance et la transparence de celles et ceux qui savent qu’iels n’ont rien à cacher et envoient des ondes de love à toustes leurs fans LGBTQ+.
* Camp : “Certains trucs sont tellement horribles qu’ils en deviennent beaux, tellement exagérés et ridicules que c’est presque de l’art”, Rich Juzwiak |
Leurs albums parlent de leur vie personnelle, de leurs souffrances, de leur quotidien et bien sûr d’histoires d’amour queer. Leurs vidéos mettent en scène leur sexualité, et c’est caliente. Le message est fort est important et la musique entrainante et puissante. Il s’agit d’une véritable renaissance pop, comme l’expliquait King Princess à Them., un redorage de blason. À croire que leur queerness dynamise leur créativité (on pense à vous straightwashers de Freddy Mercury).
On lit dans un article de i-D (à lire absolument) que l’histoire est belle mais qu’il y a un hic : “queer sex doesn’t sell”. Aucun de ces artistes n’ont réussi à se hisser en haut des charts. Des homos qui chantent, c’est cool mais tant qu’elles et ils sont asexué·es. Ma réponse : vous ne savez pas ce que vous ratez !

La musique pop n’est pas la seule à avoir été chamboulée, les films et séries pour ados ont aussi connu une année très 20Gayteen avec Love, Simon, Alex Strangelove, Black Lightning, Everything sucks, etc, et le rap est aussi en pleine révolution queer avec Cupcakke, Princess Nokia ou encore Kevin Abstract. Mais c’est une autre histoire pour un autre jour…
Sortez le pop-corn ? |
? Super Drags, sur Netflix
Alors là, on est sur du gros WTF, du queer ultime, de la top exubérance. Super Drags est une parodie brésilienne queer de Totally Spies et Sailor Moon dans laquelle un groupe de super-héroïnes drag queens sauvent le monde. Les trois “empêcheurs de baiser en rond » doivent affronter non pas un·e, mais deux méchant·es ! On a Lady Elza, une vieille queen qui suce des homos pour leur piquer leur “étincelle” et rester ainsi « jeune et bien roulée », mais aussi Sandoval, une sorte de nazi/pasteur évangéliste qui veut envoyer tous et toutes les homos en camps de reconversion.
Cette série n’a pas peur des clichés – il y a une scène de karaoké, énormément de gros plans sur des bites (même celles des robots) et du langage bien peu châtié. Là où elle est remarquable, c’est qu’elle profite de toute cette flamboyance pour épingler les travers de la communauté gay. A travers les aventures ridicules de ses personnages, la série parle des diktats esthétiques, de follophobie et d’invisibilisation des lesbiennes. Cerise sur le rainbow cake, ce sont des stars de Ru Paul’s Drag Race qui donnent vie aux drags. Et c’est sur Netflix. What a time to be alive!
? Tellement gay !, de Maxime Donzel
Dans son podcast Miroir Miroir, Jennifer Padjemi a invité Maxime Donzel pour parler de la représentation des personnes homo. L’occasion de (re-?)regarder son documentaire Tellement gay ! Homosexualité & pop culture sorti en 2017 sur Arte.
Dans la première partie, le réalisateur nous plonge dans la culture gay à l’époque des interdits : les sous-entendus de Ben Hur, les déguisements de la littérature érotique, les caresses saphiques dans Rebecca d’Hitchcock, etc. On y découvre aussi l’origine du titre Breakfast at Tiffany’s (#marin #rencard), la définition du “camp” (voir le petit encadré ci-dessous pour donner un air sérieux à la newsletter) et l’origine des clichés gays (et le succès de YMCA).
*Camp : “Certains trucs sont tellement horribles qu’ils en deviennent beaux, tellement exagérés et ridicules que c’est presque de l’art”, Rich Juzwiak |
Dans la deuxième partie, il aborde notre époque, celle de la normalisation et de la multiplication des modèles. Je vous préviens, ça émeut. Et comme d’habitude avec Maxime Donzel, on a le droit à un montage pop à souhait. À voir sur Dailymotion.
L’actu paillettes ✨ |
« Still think it doesn’t matter when gay people vote? Tell that to Mariah Carey » ou comment les gays ont réussi à faire de Glitter (oui, oui, on parle bien de la BO de 2001) l’album le plus vendu sur iTunes #JusticeForGlitter [Out / Rolling Stones]
Pour Taron Egerton, qui va jouer Elton John dans le biopic Rocketman, Kevin Spacey n’est pas un agresseur sexuel pédophile juste un dragueur audacieux. Ca promet pour la promo du film [Out]
Le patineur artistique américain out (et champion de Dance with the stars) Adam Rippon prend sa retraite. J’espère que cela voudra dire qu’on le verra plus sur des tapis rouges (non mais ce costume harnais aux Oscars quoi) et à la télé (je vais regarder Will & Grace rien que pour lui). [HuffPost]
“I Like That pourrait bien devenir votre nouvelle [newsletter] chouchoute, tant le premier envoi de ce concentré de pop culture est servi par un humour ravageur” Rooohhh, Komitid a écrit un article sur I like that et je suis emoji qui rougit étouétou. J’y explique pourquoi j’ai créé cette newsletter et pourquoi la pop culture est importante. [Komitid]
True Blood va avoir sa comédie musicale. Ce sera sur deux vampires qui font leur coming-out. J’économise dès maintenant pour aller la voir [Out]
Le crush unicorn : Hayley Kiyoko ? |

Hayley Kiyoko n’est ni une ado (elle a 27 ans, ce qui veut dire que vous pouvez légalement fantasmer dessus) ni une nouvelle arrivante. L’ancienne enfant-star de Disney est devenue la Elvis Presley des ados lesbiennes en 2015 avec sa chanson “Girls like Girls” et sa vidéo qui met en scène une romance entre deux adolescentes et qu’elle a réalisé avec ses amies et 5 000$ en poche. Avant même la sortie de son premier album, elle devient une star (l’histoire est à lire dans le Rolling Stones américain).
Expectations, sorti en avril, n’a déçu ni par la qualité de ses chansons ni par ses sujets : elle y parle de sa vie personnelle et d’amours, jeunes et intensément lesbiens. A Paris, elle a rempli l’Elysée Montmartre en octobre, elle sera sur la scène de l’Olympia en février (vous pourrez m’y retrouver au premier rang). Bonus : la playlist d’Hayley Kiyoko pour Komitid.
Le quart d’heure musical ? |
Comme à chaque envoi, je vous propose cinq chansons d’artistes queers. Cette semaine, sans surprise, une sélection très 20Gayteen mais aussi Smalltown Boy de Bronski Beat, la première chanson à parler ouvertement de la vie de jeunes homos (plus de contexte et d’info dans Tellement Gay!). A retrouver sur Spotify et Deezer !
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A très vite les BG
