Cette semaine, exceptionnellement, je vais vous parler de films que je n’ai pas vu. De ces films dans lesquels la blague, c’est les autres, c’est nous : les homos, les traîtres à leur sexe, les personnes racisées, les neurodivergeant·es, les gros·ses, les personnes en situation de handicap, etc.
Ces films, c’est par exemple Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu, Nicky Larson ou All inclusive. Trois films en ce moment au cinéma. Les trois seules comédies grand public françaises sorties depuis le début de l’année.
Le timing est ironique. La semaine dernière, nous découvrions, effaré·es, La Ligue du LOL et l’ampleur de ses “blagues”, puis ce fut les révélations sur les groupes “Radio Bière Foot” du HuffPost et “Les darons” de Vice. Grâce aux témoignages courageux de certaines victimes, le sujet des dangers de l’entre-soi s’est imposé comme jamais sur le devant de scène. Celui de l’humour aussi.
Que cela soit sur Twitter, au bureau ou au cinéma, “l’humour” prend souvent la forme de blagues aux dépens des autres. Parfois les blagues visent une personne, appartenant à une ou plus minorités, en particulier, c’est le harcèlement dont ont souffert les victimes de la Ligue du LOL. Souvent, elles visent une minorité dans son ensemble. Souvent, ce sont les LGBT+.

Dans certains films, l’homophobie est aussi in your face que le maquillage d’une drag queen un dimanche soir. C’est le cas de l’adaptation de Nicky Larson par Philippe Lacheau. “Tout le film moque l’attirance réelle ou supposée d’un homme pour un autre : contacts physique, comportements plus “féminins”…”, explique Vincent Maniève sur Twitter. Dans All inclusive de Fabien Onteniente, on ajoute un personnage gay pour pouvoir en rire et caler des blagues homophobes.
Et puis il y a l’homophobie bienveillante. Dans Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu de Philippe de Chauveron, “les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Et […] ne sont pas au bout de leurs surprises…”. Je vous le donne en mille, la surprise c’est que le marié est une mariée. LOL. Et évidemment, les parents vont avoir du mal à gérer. Ouarf, trop rigolo les parents qui ont honte de leur fille. Cela confirme donc la conclusion du premier film : les Noirs sont vraiment comme nous. Et par “comme nous”, je veux dire homophobes. Et par “nous”, je veux dire les Blancs.

Sortez le pop-corn ? |
? Au fil des jours, Netflix

Quand Au fil des jours (One Day At A Time) est sortie sur Netflix, j’ai immédiatement lancé le premier épisode : une série sur une famille cubano-américaine avec un personnage LGBT+. Sign me in! J’ai arrêté au bout de 5 minutes, les rires enregistrés et la grand-mère qui faisait son show, c’était trop pour moi.
Et puis j’ai vu les gens sur Twitter s’affoler sur cette série et j’ai recommencé. Je ne le regrette pas. Au fil des jours nous plonge dans la vie des Alvarez : la mère, vétéran, l’ado, féministe lesbienne, le fils, dragueur pré-puberté, la grand-mère, excentrique, et le voisin, trust fund baby.
J’ai rarement autant ri et pleuré à la fois. Sous couvert de sitcom, la série aborde la santé mentale de la mère, l’alcoolisme du voisin, les traumatismes de réfugiée de la grand-mère et l’apprentissage du racisme du fils. Parce que la série a été écrite par des personnes concernées, elle ne tombe jamais dans le pathos ou l’exhibitionnisme, elle ne fait qu’explorer les défis normaux de personnes normales.
Et puis, il y a Elena, l’ado nerd qui fait son coming-out dans la première saison. C’est parfaitement traité, on découvre aussi bien comment cela a changé sa vie que comment sa famille a géré cette révélation. Au top.
Elena est aussi très engagée. Habituellement dans les séries, quand il y a une “Social Justice Warrior”, c’est pour s’en moquer. Pas ici. Tous les personnages ne partagent pas ses opinions mais tout le monde l’écoute quand elle explique son dernier combat. La famille au complet respecte même le souhait de sa copine (oui, elle en a une) d’être appellé·e par les pronoms “they/their”. A mettre entre la main de tous les parents qui ont des enfants queers.
? The Life of Gad Beck: Gay. Jewish. Nazi Fighter, Dorian Alexander et Levi Hastings

C’est dingue le pouvoir des mots et des images. Il ne m’aura fallu que quelques lignes et dessins pour que The Life of Gad Beck m’émeuve. Cette BD courte raconte l’histoire vraie d’un jeune homme gay et juif en Allemagne pendant la seconde guerre, d’un jeune homme bien décidé à continuer de vivre, à aimer et à lutter.
Ca se lit sur The Nib.
L’actu paillettes ✨ |
Trois saisons, et toujours pas un couple lesbien ou gay à l’horizon dans l’émission de télé-réalité Mariés au premier regard La productrice Kamila Fievet a tenté de se justifier et c’est LOL. [Têtu]
Bollywood s’y met ! Sorti le 1er février en Inde, Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga est le premier film local dont l’héroïne est une jeune femme lesbienne. [Madame Figaro]
L’année 1999, c’était un peu l’année du kiff question films LGBT. [Komitid]
Vous connaissez la chanteuse Brandi Carlile ? Elle a gagné 3 Grammys la semaine dernière. C’est aussi une lesbienne qui vit sur une ferme et a deux enfants. Coeur sur elle. [HuffPost US]
Révolution, tremblement de terre, choc sismique ! Disney, le grand méchant qui semble croire que les LGBT+ n’existent pas, ouvre les yeux : un personnage de Disney Channel a fait son coming-out. Tremblez bigots ! [Têtu]
Victoires de la musique : Jeanne Added remporte deux prix. [20 minutes]
Grammys : les femmes queers grandes gagnantes [Out]
Qu’ont en commun le dernier clip d’Ariana Grande et la prestation de St Vincent aux Grammys ? Des scènes de drague entre deux femmes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Buzzfeed analyse ce cliché des lesbiennes doppelgängers, tandis que Them s’intéresse à son queerbaiting. [Buzzfeed/them.]
Le crush unicorn : Ellen Page ? |

Après son coming-out en 2014, Ellen Page est passée de gentille actrice mignonne à badass lesbian. Elle a témoigné contre Brett Ratner, a réalisé la série documentaire Gaycation sur la vie des LGBT dans le monde avec son BFF Ian Daniel et balance ses vérités dès que possible. Je vous recommande vivement ce long profil du Guardian dans lequel elle enchaîne les phrases parfaites.
Au delà de la badasserie, Ellen Page est aussi ultra mignonne, surtout quand elle est avec sa femme la danseuse Emma Portner (et c’est souvent). Pour une bonne dose de chatounerie, rendez-vous sur son Instagram.
Elle est à l’affiche de la série Netflix Umbrella Academy et sera bientôt dans Tales of the City, la nouvelle adaptation des Chroniques de San Francisco.
Le quart d’heure musical ? |
Des classiques et des nouveautés. 100% artistes queers. Applaudissements pour l’acteur Ben Platt (Pitch Perfect) qui a décidé d’arrêter de cacher son homosexualité avec ce clip très mignon. A retrouver sur Spotify et Deezer !
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai eu ma dose de discussion sur l’homophobie et le sexisme cette semaine. Il est l’heure de danser !
A la semaine prochaine,
Aline
