Si comme moi, vous vous préparez pour une aprèm galette des rois (arg le patriarcat) alors que vous avez toujours mal au bide (satanées fêtes de fin d’année), vous devez avoir hâte de revenir à la normale. Alors je m’engage à ne pas vous faire mon Classement 2018 ou mes Prédictions pour 2019 dans ce numéro – de toute façon, le top 2018 de Them. est imbattable. Mais avant de reprendre le cours normal de cette newsletter, je tenais quand même à vous communiquer cette carte de vœux.
![]() Professionnellement, l’année 2018 avait plutôt bizarrement commencé (voire continué) pour moi et puis vous, cher·es abonné·es, avez fait votre entrée dans ma vie. Depuis le lancement de I like that, vous n’avez pas arrêté de m’envoyer de l’amour et de recommander I like that à vos potes. J’en suis toute chose. |
Sans transition, retour à la programmation normale
Je ne pouvais traverser la période des fêtes de fin d’année sans vous parler de comédies musicales, élément incoutournable de mes traditions de Noël.
J’ai découvert les “musicals” adolescente et mon cœur a fait boom. Je me revois encore assise au deuxième rang du Studio Galande attendant “with antici… pation” de voir le Rocky Horror Picture Show (les parents de ma pote nous surveillaient au dernier rang) ou lançant fièrement le dvd de Hair en cours d’histoire de terminale. Le régal de voir ces travestis s’éclater sur scène, de voir ces hippies chanter la révolution sexuelle. C’était tout un monde qui s’était soudain ouvert à moi.
La joie mécanique que ces films me procuraient n’expliquait que partiellement mon amour pour ce style. Pour moi, les musicals étaient la chasse gardée des misfits et des gays. Aimer les musicals était une façon de me rapprocher de cette communauté à laquelle je ne savais pas encore que j’appartenais, de découvrir cette sous-culture joyeuse et politique, de faire mes adieux au mainstream. Avec les musicals, j’ai découvert le « camp », le goût pour le too-much, pour la surenchère, et l’acceptation de soi dans toutes ses intensités.
Les musicals que j’adorais avaient en commun d’être nés dans les années 60/70 et d’exprimer une envie de renversement. Que ce soit le film Rocky Horror Picture Show ou la pièce/film Hair, ces spectacles se riaient de la monogamie, du sexe à la papa, des normes de genre et des attentes sociétales. (Lisez donc cet article pour comprendre l’impact du Rocky chez les queers)
Les 70’ ont aussi donné jour à la pièce puis au film Cabaret qui met en scène des hommes que l’on pourrait décrire comme bi et pan et des travestis. On pourrait aussi ajouter à cette liste Yentl, un film de Barbra Streisand qui est sorti en 1983 mais que Streisand essayait de produire depuis 1969. Pas de personnage queer dans ce film mais une jeune femme juive qui se travestit pour suivre des études ce qui rend ses relations amoureuses un tantinet plus intéressantes.
Grâce à l’utilisation de la danse et du chant, ces musicals ont pu aborder des sujets subversifs, comme le travestissement, l’attraction par les personnes de même sexe ou le rejet de la monogamie, sans les montrer réellement. Il aura fallu attendre les années 90 pour voir des personnages (principaux) qui se revendiquent gay, bi, lesbiens ou trans vivre pleinement et réalistiquement leurs vies (et se rouler des patins).
En 1994, le film australien Priscilla, Reine du Désert remporta un succès inattendu. Puis sortit en 1996 la pièce Rent à New York. Cette adaptation de La Bohème sur fond d’épidémie du sida dans le East Village fut une explosion de queerness qui en fit un objet de culte en Amérique du Nord. Si vous ne l’avez pas vu, regardez l’adaptation en film (sortie en 2005), c’est un bijou, et enchainez ensuite avec le documentaire No Day but Today sur la création de cette pièce (no spoiler mais préparez vos mouchoirs).
Et ce n’était que le début. Les années 2000 nous ont donné la pièce Hedwig and the Angry Inch et les films Kinky Boots et Les Chansons d’Amour, et les années 2010 des séries musicales comme Glee ou Crazy Ex-Girlfriend.
En 2019, si vous êtes dans la bonne ville, vous pourrez voir de nombreuses pièces queers dont Fun Home, Everybody’s Talking About Jamie et The Prom. (N’hésitez pas à me remercier pour cette newsletter sous forme de tickets – merci). Les musicals ne sont plus “so gay”, ils sont enfin vraiment queers !
P.S. Je vous recommande vivement l’expo sur les comédies musicales à la Philharmonie de Paris
Sortez le pop-corn ? |
? Schitt’s Creek, sur CBC
Il y a des sourcils dont on ne se lasse pas, comme ceux d’Eugene Levy (le père dans American Pie). Désormais, on peut aussi compter sur ceux de son fils Dan Levy pour nous donner le sourire. Grâce à eux, une série à l’intrigue vue et revue devient une petite merveille.
Dans Schitt’s Creek, une famille jet-set, les Rose, “perd tout” et se voit contrainte de vivre dans un bled paumé au nom évocateur de Schitt’s Creek ?. Les situations sont cocasses, les références pop sont parfaites (au point d’être retweetées par Mariah herself) et les acteurs et actrices donnent vie à des personnages haut en couleur hilarants et émouvants (qu’on leur donne l’Emmy des visages les plus expressifs !).
Si vous êtes déjà conquis·e par le pitch et allergique aux plus petits des spoilers, arrêtez-vous là car je vais vous parler un peu de David Rose, le personnage queer.
Lors du premier épisode, le fils de la famille apparaît comme le cliché du gay efféminé, habillé de la tête au pied en Rick Owens, véritable drama queen aux répliques cinglantes. Bref, un cliché dont on se passerait bien en 2019. C’était sans compter le talent de Dan Levy, son interprète et co-créateur de la série avec son père, qui amène ce personnage là où personne ne l’attendait.
*Spoiler Alert* Dans la première saison, sortie en 2015, David se lie d’amitié avec Stevie, la réceptionniste. Tellement qu’elle et il finissent par coucher ensemble ! Jaw-dropping. A partir de là, la série définit clairement et à plusieurs reprises David comme étant pansexuel. C’est tellement rare d’entendre ce mot à la télé que j’en ai frissonné. Ce qui est génial, c’est que pour une fois, le personnage bi ou pan n’est pas un personnage qui peut passer pour hétéro et cela ne l’empêche pas de plaire à l’autre sexe, preuve que les hommes efféminés, c’est sexy #breakingnews.
A travers les petits copains de David, tous très différents de lui à la fois dans leur orientation, leur relation à leur orientation (petit cœur pour le coming-out de Patrick) et leur style, Schitt’s Creek offre une représentation des hommes queers d’une finesse rare et touchante. L’histoire d’amour dans la saison 4 = #couplegoal. *Fin de spoiler*
Dan Levy, lui-même gay, a fait le choix d’imaginer une petite ville sans homophobie : David peut bien faire ce qu’il veut, personne ne semble s’en préoccuper. Sans ignorer non plus la réalité – il y a quelques blagues sur les hate-crimes – la série réussit à parler de la vie des queers en milieu rural sans tomber dans le misérabilisme, Et ça fait du bien.
Et s’il fallait encore un argument : les tenues de David, sa sœur et sa mère battent celles de Sex and the City à plate couture. Attaquez-moi sur Twitter si vous le voulez, je camperais ma position. (A lire : cet article dans Vogue sur les costumes).
Disponible sur iTunes
L’actu paillettes ✨ |
Darren Criss, allié de mon cœur. L’interprète de Blain (Glee forever) a décidé d’arrêter de jouer des personnages gays pour laisser la place aux acteurs queers. [HuffPost US]
Après le reboot de #TheLWord, on apprend celui de #QueerAsFolk. Probabilité qu’on nous dise : “la série a été mise aux goûts du jour avec des personnages aux origines plus diverses, un personnage non-binaire et des répliques féministes” ? 100%. J’aurais préféré de la nouveauté plutôt que du réchauffé. Tant pis. En attendant, voici le seul casting dont j’ai envie. [Out]
L’équipe de la newsletter Calmos fait un point vidéo rigolo sur l’amour de la France pour les comiques de droite misogynes. [Calmos]
J’adore Mrs Maisel mais j’ai toujours été gêné par la façon dont la lesbiannité de Suzy est ignorée, balayée sous le tapis. Quand on prend le contexte historique et les propos du couple créateur c’est encore plus enrageant. GIVE SUZY A GIRLFRIEND! [Autostraddle]
Entre Lizzie, Colette et la Favorite, 2019 va être sacrément saphique. Comment l’expliquer ? (Le point #MeToo sera atteint) [Daily Mail]
Les Golden Globes, c’est ce soir. Komitid pense qu’il y aura un triomphe queer. [Komitid]
OscarGate, la suite. Ellen DeGeneres défend Kevin Hart et la communauté LGBT+ américaine n’a pas aimé. [EW]
L’idole unicorn : Muriel Robin ? |

Quand j’étais jeune, je n’aimais pas Muriel Robin. Elle me dérangeait, je la trouvais masculine et bizarrement coiffée – hétéronormativité bonjour. Dans ma tête d’ado du début des années 2000, toutes les lesbiennes ressemblaient à Muriel Robin. Après tout, c’était la seule lesbienne dont j’avais entendu parler. Muriel Robin me faisait peur car elle représentait la mise à mal de la féminité normative que j’avais si difficilement intégré (et plus ou moins bien reproduit).
Aujourd’hui, Muriel Robin, je l’adore. Elle représente le refus de se cacher, de se plier aux normes de notre société, de s’habiller comme il faut. C’est l’Original Gangsta de la pop culture française. A part elle, combien de célébrités lesbiennes ? Combien qui parlent de leur vie de couple ? En 2018, Muriel Robin a parlé de ce dont personne ne parle : la discrimination des personnes out, la difficulté de se trouver et de s’aimer. C’est dans Le Monde (on s’attristera du titre de l’article) et C à vous sur France 5. Elle est aussi engagée contre les violences familiales. Merci Muriel !
Le quart d’heure musical ? |
Vous l’avez vu venir gros comme une maison, voici cinq chansons issues de comédies musicales. A retrouver sur Spotify et Deezer !
Sur ce, je vous souhaite de commencer cette nouvelle année avec éclat et panache.
Xoxo, Aline