Je sais, je sais, je vous ai déjà parlé de Pose, mais cette série est tellement importante qu’elle mérite qu’on en parle un peu plus. Pose suit un groupe de femmes trans et d’hommes gays noirs et latinos qui font partie de la scène ballroom, une culture qui a notamment donné vie au voguing.
Dans cette deuxième saison, la série fait un bond dans le temps et nous emmène en 1990, année de la sortie de “Vogue”, le tube de Madonna qui popularisa le voguing, alors même que les queers de New York mouraient du sida de tous les côtés. Dans les épisodes précédents, la série avait mis en avant la colère des gays et trans face à l’injustice de cette épidémie et l’inaction des autorités, mais aussi l’organisation des premiers “die-in” d’Act Up et la mise en place d’une solidarité intra-communautaire. Dans l’épisode 4, diffusé le 10 juillet sur MyCanal, la série nous faire vivre une catastrophe qui n’a rien à voir avec le sida : un des personnages trans qui se prostituait est retrouvé mort, probablement tué par un client. Inattendus, rapides, violents, les meurtres sont une menace ancrée dans le quotidien des travailleuses du sexe trans.
Mais malgré la peur de mourir et les enterrements à répétition, la vie continue : Angel veut devenir mannequin, Lil Papi est amoureux, Blanca veut ouvrir son salon de beauté, des couples se créent aux enterrements, les balls continuent et les actes de solidarité et les encouragements s’enchaînent. C’est là toute la force de la série : montrer comme un groupe minorisé survit à la violence de la vie, comment des rejeté·es de la société gardent l’envie de vivre. L’épisode 4 se conclut avec Pray Tell qui décide d’accepter de se soigner, de choisir la vie, puis l’écran se fait noir et une citation d’une icône de la ballroom scene apparaît :

Si la série alterne si naturellement entre l’humour, le drame, le politique et la célébration, c’est que c’est ce à quoi ressemble la vie des personnes queers marginalisées. C’est ce rejet, cette colère, cette vie sous menace qui fait la culture queer. Angelica Ross, l’actrice trans noire qui joue Candy, le résume parfaitement dans sa super interview à AV Club : “I think that Pose is doing a beautiful job at showing just how life goes on for folks who are the most marginalized—that we have this certain level of acceptance and joy that we’re able to bring to every moment of life.”
Cet épisode n’est pas un épisode de This Is Us, les scénaristes ne veulent pas seulement nous faire pleurer jusqu’à ce que nos paquets de mouchoirs soient vides et nos yeux gonflés, elles et ils veulent nous réveiller. Nous devons prendre soin de nos sœurs trans, celles qui se font agressées au Bois de Boulogne dans l’indifférence généralisée, celles qui ont peur, celles qui se sentent oubliées du monde. Nous devons être là pour les centaines de personnes trans et non-binaires tuées chaque année dans le monde.
Cet épisode, comme les précédents, parle aussi de culture queer, de safe spaces. Dans un tel contexte de violence, faut-il ouvrir les seuls endroits où nous nous sentons en sécurité ? Faut-il laisser des personnes hétéros dans nos espaces ? Pour Blanca, l’optimiste, la réponse est oui – vive la rencontre et le mélange. Pour Pray Tell, la réponse est non – nous pourrions ne plus nous y sentir en sécurité. “N’oublions pas qui nous servons : nous, notre communauté. On n’est pas là pour les touristes”, explique-t-il dans l’épisode. L’équipe de Pose va sans nul doute aborder le sujet plus en profondeur dans les semaines à venir, mais je doute qu’elle propose une solution. 30 ans plus tard, le débat fait toujours rage. Récemment, des organisateur·rices de soirées queers s’inquiétaient du manque de bienveillance et respect de certaines personnes non-queers à leurs soirées. Quel dilemme. En attendons, dansons !

Sortez le pop-corn ? |
? Hedwig and the Angry Inch, John Cameron Mitchell
Poétique, survolté, énergique, punk, over the top, provocateur, sensible, Hedwig and the Angry Inch est peut-être le film le plus queer de tous les temps. Selon Allociné, le film adapté de la comédie musicale du même nom raconte l’histoire de “Hedwig Schmidt, un transsexuel allemand” et “star du rock la plus étonnante et la plus méconnue du monde”. Au cours du film, “Hedwig raconte, en chansons, son enfance est-allemande, sa solitude, son opération de changement de sexe et ses passions. Elle poursuit également le célébrissime Tommy Gnosis, le jeune homme qu’elle a tant aimé et pour qui elle a composé certaines musiques.”
La description est trompeuse, Hedwig n’est ni transexuelle, ni transgenre. Selon John Cameron Mitchell, créateur de la comédie musicale, scénariste et réalisateur du film, et interprète d’Hedwig, Hedwig est un survivant de la binarité de notre société, une personne cherchant à trouver sa place dans une société qui demande aux hommes d’être viriles, un être à qui l’on a imposé une opération de réattribution sexuelle pour rentrer dans les clous.
18 ans après sa sortie, Hedwig and the Angry Inch est toujours aussi beau, prenant et pertinent. Ce film, c’est la genderqueerness dans toute sa beauté, une véritable déclaration d’amour aux corps imparfaits et aux personnes hors norme.
L’actu paillettes ✨ |
Stranger Things essaie de se mettre à la page en faisant sortir du placard un de ses très nombreux personnages. Dommage que ça soit traité comme un vulgaire plot twist. [HuffPost US]
Et si Spider-Man : Far From Home et Call Me By Your Name étaient plus ou moins le même film ? Je dis oui et je demande une scène de sexe entre Tom Holland et Jack Gyllenhaal (qui montre un peu plus que leurs pieds qui se touchent). [Vulture]
Le casting d’American Horror Story a été révélé et inclut plein de talents LGBTQ+ : l’habitué d’AHS Cody Fern, le skieur Gus Kenworthy et une des révélations de Pose, Angelica Ross. Je dois avouer que j’ai failli ne pas reconnaître Gus sans ses tatouages – mais comment font-ils pour faire disparaître des tatouages ? [EW]
Mais qui est Angelica Ross ? La réponse : [Hollywood Reporter]
Ezra Miller est désormais ambassadeur d’une marque de maquillage, du coup il s’est exprimé sur son rapport au maquillage. [CR Fashion Book]
MTV laisse de la place aux LGBT+ dans son émission de dating “Are You The One?” [Variety]
Encore une interview dans laquelle Miley dit aussi bien des choses très intelligentes sur sa queerness, la planète et le regard des autres que des choses très étranges – dites-moi si vous avez compris quelque chose de sa métaphore avec le bacon. [Elle US]
On en sait plus sur le film qui fera office de saison finale du dessin animé Steven Universe. Ce sera une comédie musicale dans laquelle chanteront les habituées Estelle, Patti LuPone, Uzo Aduba et Aimee Mann, mais aussi Chance, The Rapper. Le monde est magnifique. [EW]
L’icône : George Michael ? |

30 numéros de I like that et je ne vous avais toujours pas parlé d’une des plus grandes icônes gays de tous les temps, d’un génie musical au charme irrésistible, d’une star aux chansons sous-estimées : monsieur George Michael. Give the man a biopic !
Le documentaire George Michael : Freedom, qui retrace la vie de la pop star, est disponible en replay sur Arte jusqu’au 16 août 2019 et je vous le recommande très vivement. Il y a quelques années, George Michael a décidé de raconter sa vie dans un documentaire qu’il a réalisé avec David Austin. Il y raconte son succès incroyable avec Wham!, l’explosion de sa carrière quand il se lance en solo (en 1988, il était l’homme qui avait vendu le plus d’albums dans le monde !), sa fatigue face à la célébrité, son besoin de calme, sa bataille juridique avec son label et, bien sûr, son rapport avec son homosexualité.
Pour protéger sa mère et parce que l’époque n’était pas tendre avec les hommes gays, Georgios Kyriacos Panayiotou (c’est pas sexy comme nom de naissance ?) choisit de rester dans le placard. En 1993, son compagnon Anselmo Feleppa meurt du sida, il est dévasté. Cette relation n’ayant publiquement jamais existé, il doit vivre ce deuil de façon cachée. En 1998, il est arrêté dans un parc pour atteinte à la pudeur dans des toilettes publiques (que c’est chic comme formulation). Cet incident force le chanteur à sortir du placard, mais contrairement à ce que l’on attendait d’une célébrité à l’époque, il le fait avec fierté et revendique son droit à une sexualité débridée. Il dira plus tard qu’il s’agissait d’un “acte délibéré déclenché par [son] inconscient”, comme on peut le lire dans cet article du Parisien qui explique pourquoi il lui était si difficile de faire son coming out.
Après son coming out, George, déjà investi dans la lutte contre le sida, s’engagera dans la lutte pour les droits LGBT+ avec une dévotion rare. Il avait attendu suffisamment longtemps. Il suffit de prêter attention à ses clips homo-érotiques et aux paroles de ses chansons pour comprendre à quel point ce génie de la musique avaient envie de sortir de son placard.
George Michael est décédé le 25 décembre 2016, à l’âge de 53 ans.
Le quart d’heure musical ? |
Et voici votre sélection de musique créée par des artistes queers. A retrouver sur Spotify et Deezer.
Sur ce, je retourne à mon binge-watching de Glee (disponible sur Netflix). Si vous avez des conseils, sorts, homéopathie pour me libérer de mon addiction à cette série magique, je suis preneuse !
Baï baï,
Aline
