Le profil Instagram d’I like that ne ment pas : ces dernières semaines, j’ai beaucoup parlé de nouvelles séries et films mettant en scène des femmes. Le plus étonnant, c’est que j’ai l’impression d’être passée à côté de plein d’autres nouveautés : le film d’horreur The Perfection, le retour de Killing Eve, de The Bold Type, de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, etc. J’en suis restée bouche bée : depuis quand les lesbiennes et assimilées sont-elles aussi présentes à l’écran ?
Pendant longtemps, les seuls personnages LGBT+ des films et séries étaient des hommes. A partir des années 1990, toute bonne comédie progressiste se devait d’avoir un “gay best friend”. On pense à Christian dans Clueless ou Stanford dans Sex and the City. Aujourd’hui, le “gay best friend” est toujours aussi présent dans les séries et films, mais il vient désormais en version racisée et genderqueer, comme Eric dans Sex Education ou Murph dans The Perfect Date (à regarder sur Netflix). Au bingo de la “diversité”, ça coche plein de cases et ça permet de faire oublier la blanchitude du personnage principal.

Le problème, c’est que le “gay best friend” est souvent un personnage unidimensionnel, un mec efféminé et célibataire dont la seule raison d’être est de faire des blagues de cul ou d’aider sa ou son meilleur ami à gérer sa vie amoureuse ou sa garde-robe. Ce trope est tellement vu et revu qu’il est devenu un sujet de parodie. Parfois, c’est réussi comme dans le film GBF, pour “Gay Best Friend », sorti en 2014 et disponible sur Netflix (starring la reine Natasha Lyonne donc à ajouter sur votre list ASAP), et parfois ça tombe complètement à plat comme dans la romcom Netflix Isn’t it romantic.
Comme on pouvait s’y attendre, les femmes ont eu le droit, avec quelques années de décalage, à ce traitement. L’heure de la “lesbian best friend” est arrivée ! Hip hip hip hourra ? Les LBF ne sont pas toujours moins clichées que les GBF. Les “predatory lesbians” qui draguent tout ce qui bouge, comme Sam dans Scream Queens ou la quinqua Val dans Un Weekend à Napa (Wine Country en VO), un film Netflix millennialphobe (vous pouvez me piquer l’expression), ne manquent pas. A noter : Val est jouée par la lesbienne Paula Pell.
Parfois, les LBF sont parfaites. Denise, jouée par la merveilleuse Lena Waithe, dans la série Netflix Master of None était la première. Depuis, les LBF de qualité se sont multipliées. Ces derniers mois, Erin dans Someone Great, une romcom Netflix (quelle surprise !) apporte de la profondeur au cliché de la lesbienne qui a peur de l’engagement. Toujours sur Netflix, Always Be My Maybe fait de la lesbiannité de la très enceinte Veronica un non-fait. Quant à Alice dans Good Trouble, elle a dû mal à annoncer son orientation sexuelle à ses parents immigrés chinois.

Parfois, les « lesbian best friends » sont traitées avec autant d’importance que leurs ami·es et ça donne de super résultats. Amy dans Booksmart, la meilleure romcom disponible sur Netflix, est un peu toutes les lesbiennes qui découvrent le doigtage. Dans la saison 3 de The Bold Type, Kat se demande ce que cela veut dire d‘être queer quand on est célibataire. Quant à Kate Messner, elle est clairement le personnage le plus complexe de la série Netflix 90’s Everything Sucks! (tristement annulée – Lilith n’a-t-elle donc aucune pitié ?).
Disclaimer : cette newsletter n’a (malheureusement) pas été sponsorisée par Netflix. |
Mais heureusement, la visibilité lesbienne ne se limite pas qu’aux LBF ! Parfois, les femmes LBT+ n’ont pas d’ami·es, comme Villanelle dans Killing Eve. Parfois, leurs amies sont queers comme dans The Bisexual. Parfois, ce sont des super-héroïnes comme Anissa Pierce dans Black Lightning ou Batwoman dans la prochaine série du même nom. Parfois ce sont des badass comme le personnage de Kristen Stewart dans le prochain Charlie’s Angels (cela n’a pas été confirmé mais look at that haircut!). Parfois, ce sont des meufs paumées, comme la vétéran qui sera au coeur de Work in Progress, une série que Lilly Wachowski (The Matrix trilogy, Sense8) va co-produire et co-écrire. J’ai hâte ! Parfois, elles font partie d’une famille comme Elena Alvarez dans One Day at a time, Stef et Lena Adam-Fosters dans The Fosters et Good Trouble ou Emma Hernandez dans Vida.
La liste est déjà longue mais je dois encore vous parler de la mode des biopics ! Tandis que les hommes ont le droit à des blockbusters retraçant la vie de musiciens, les femmes, elles, sont touchées par la grâce des dieux et déesses avec des films retraçant une période particulière de la vie de reines ou de grandes autrices. En février, il était déjà clair que ce serait une tendance lourde, qui allait changer la représentation des femmes non hétéros, avec la sortie de Colette, La Favorite, Vita & Virginia et Wild Nights With Emily. Depuis la liste s’est allongée avec notamment la diffusion de l’incroyable série HBO et BBC Gentleman Jack.
Enfin, cet état des lieux (loin d’être exhaustif) ne serait pas complet sans ces cinq mots : Une jeune fille en feu.
C’est ce qui surprend avec cette soudaine visibilité lesbienne, c’est que les personnages sont souvent très bien écrits. Il faut dire que beaucoup sont écrits par des femmes, parfois elles-mêmes queers. C’est comme si, pendant des années, les femmes avaient dû renoncer à faire des films/séries avec des personnages LBT+ ou à faire des films/séries tout court et que, maintenant qu’on leur donnait enfin des budgets, elles se rattrapaient. Merci la révolution féministe ! Merci #metoo ! Merci la peak TV ! On aura attendu longtemps mais ça valait le coup.
Sortez le pop-corn ? |
? Years and Years, BBC One
Pendant ce temps en Angleterre, Russell T Davis, le créateur de Queer as Folk et A Very English Scandal, nous offre une série d’anticipation inclassable à regarder absolument. Les Lyons sont une famille comme les autres : il y a de l’amour, des tensions, des styles de vie très différents, des enfants qui grandissent, des grand-mères qui vieillissent et des discussions sur le monde qui va mal. Malheureusement pour les quatre frères et sœurs et leurs familles, leurs craintes vont devenir réalité. 2020 : Trump est réélu. 2022 : l’armée ukrainienne prend le contrôle du pays. 2024 : les ados portent des filtres snapchat dans la vraie vie. La société part vraiment en cacahuète.
Les membres de la famille vont devoir s’adapter à l’effondrement de notre civilisation, à la disparition des insectes, aux nouvelles guerres, à la précarisation du monde du travail, à l’évolution de la technologie, à la montée du populisme, etc. C’est assez fascinant de voir comment les évènements actuels pourraient évoluer et ce que cela pourrait dire concrètement pour des gens qui nous ressemblent. Le rythme est tenu, l’ambiance angoissante. On ne finit pas un épisode sans être un peu deprimé·e, heureusement la présence de l’acteur out Russell Tovey (Looking) apporte un peu de soleil dans nos cœurs.
Il y joue un homme gay qui va tomber amoureux d’un demandeur d’asile ukrainien torturé dans son pays parce qu’il est gay. On le comprend, son interprète Maxim Blady est clairement l’atout caliente de la série. La série aborde avec finesse la montée de l’homophobie dans certains pays, le parcours d’un réfugié et la détérioration du droit de l’asile, tout en nous montrant quelques scènes de sexe gay. C’est à voir sur MyCanal.
L’actu paillettes ✨ |
Le chanteur Sufjan Stevens vient de sortir deux chansons pour le mois des fiertés. Comme d’hab, c’est magnifique. [The A.V. Club]
Barbi(e)turix organise la première édition de WE LUV GOUINE. On lève le pouce pour ce nom génial et on balance cinq étoiles pour le ciné en plein air ! RDV mercredi 26 juin, 19h à la La Station Gare des Mines pour une sélection de courts-métrages LBT et la projection du classique But I’m a cheerleader, dans lequel joue l’amour de ma vie : Natasha Lyonne.
Seth Rogen est désolé d’avoir fait des blagues homophobes dans ces films. [Têtu]
Le monde du rock a son Philippot : Morrissey, le chanteur des Smiths, proclame encore une fois son amour pour l’extrême-droite. On peut lui enlever sa carte du lobby ? [The Guardian]
Les biopics sur des pop stars britanniques ? Quand y en a plus, y en a encore. Un film sur Boy George serait prévu… Ce clip de Culture Club résume parfaitement mon opinion sur cette annonce. [20 minutes]
C’est l’heure du point Rocketman : qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui était fiction ? EW vous répond. [Entertainment Weekly]
Depuis qu’il est devenu trentenaire, Xavier Dolan a décidément des choses intéressantes à dire. Dans cette vidéo, il parle de la fluidité sexuelle et de genre de la Gen Z. [Brut]
Suite à sa nomination aux Out d’Or, Chris a subi un raid homophobe sur Instagram. Prouvant qu’elle mérite bien sa nomination, l’artiste a dénoncé ces attaques, affirmé sa fierté et demandé à ses fans de les signaler. [LCI]
Le crush : Beanie Feldstein ? |

Dans Booksmart, la version féministe, inclusive, fine et moderne de SuperGrave sortie la semaine dernière sur Netflix, Beanie Feldstein joue Molly, une ado hétéro ambitieuse inséparable d’Amy (Kaitlyn Dever), une lesbienne timide. Dans la vraie vie, c’est Beanie la lesbienne du duo et elle n’est pas du tout timide. Elle est drôle, mais alors vraiment drôle, pleine de vie, hyper fière et canon.
Dans Booksmart, Molly n’a pas d’autre ami·e qu’Amy. En revanche, beaucoup de gens l’énervent, comme Triple A, la fille facile jouée par Molly Gordon, et George, le drama kid ultra gay joué par l’acteur out Noah Galvin. Dans la vraie vie, les trois acteurices sont ami·es depuis le lycée. Leur bande compte un quatrième larron, l’acteur et musicien out Ben Platt (Pitch Perfect, The Politician). Y a du talent dans le groupe donc. Quand on les voit ensemble, on n’a qu’une envie : être pote avec eux et elles.
Ce n’est pas surprenant que Beanie ait une bande de potes si soudée, elle a ça dans le sang. Son frère n’est autre que M. J’ai-plein-de-potes Jonah Hill, Jonah Hill Feldstein de son vrai nom. Et donc, oui, l’actrice de Booksmart est la sœur de l’acteur de SuperGrave. Votre tête = ?. Je stan à fond leur relation. Quand je vois à quel point il est fier de sa sœur sur Instagram, j’ai encore plus envie d’être pote avec elle et lui.
Elle jouera prochainement une adolescente critique de musique qui aime se masturber et baiser dans How to build a girl. Aie mama caramba !
Photo : WSJ Magazine
Le quart d’heure musical ? |
Les univers visuels des artistes LGBT+ sont souvent fascinants, surtout quand iels imaginent des mondes affranchis des normes hétéros. Voici cinq artistes du moment :
- Maddie Ross transforme les highschool movies des années 2000 en paradis queer. C’est pop dans le meilleur sens du terme.
- Tyler, The Creator a donné vie à un alter ego : Igor. Sorte de Beatles/Warhol blond, gay et idiot possédé par la musique. Ces multiples micro-clips sont hypnotisants.
- Après avoir imaginé un cow-boy en robe, Miss Benny propose une orgie gay rétro où les doudounes et salopettes rouges sont sexy.
- La France n’est pas en reste avec Andy, je t’aime qui nous raconte une histoire pop des luttes LGBT+ avec humour et, encore une fois, orgies.
- Mais ils et elles ne sont rien face au maître, à la légende : Sir Elton John. Depuis Rocketman, j’ai ce clip en tête. Depuis je rêve d’aller à Cannes et je ne sais pas quoi en penser.
A retrouver sur Spotify et Deezer.
A la semaine prochain mes stars,
Aline