La semaine dernière était définitivement une semaine intense niveau
sorties Netflix. Pendant que certains et certaines attendaient avec
impatience Homecoming, je comptais les jours jusqu’à la sortie de Special.
Cette série en huit épisodes de 15 minutes raconte l’entrée dans la vie
active de Ryan, un vingtenaire gay atteint de paralysie cérébrale. Je
savais que j’allais adorer cette série à la fois parce qu’elle avait
l’air pop et drôle à souhait et parce qu’elle montrait ce que les séries
sur les LGBT+ cachent d’habitude : un personnage en situation de handicap et des scènes de sexe réalistes.
Résultat : je n’ai pas été déçue. C’est une petite sucrerie qui se mange
un soir où on veut sourire, rigoler et crier “yesss” seul·e sous sa
couette devant sa télé. Ryan et sa pote Kim sont drôles, émouvantes et
impertinentes – please, be my friends. Et question représentation des
LGBT+, Special est aussi une belle réussite.

Même si l’on voit de plus en plus de LGBT+ à l’écran, celles et ceux-ci
ont souvent la même gueule. Elles et ils sont généralement blancs,
beaux, minces, valides et aisés. Ca me rend folle. Comment pouvons-nous nous sentir représenté·es si la majorité de notre “communauté” est oubliée ?
Où sont les personnes racisées ? Les pauvres ? Les gros·ses ? Les
moches ? Les séropos ? Les immigré·es ? Les personnes handicapées ?
Montrer des LGBT+ ok, mais il faut qu’elles et ils aient l’air à peu
près “normaux”, qu’elles et ils s’intègrent sans problème dans la
société, que leur existence ne remette pas en cause l’organisation de
notre société. Nous n’avons le droit d’être différent·es qu’à une seule
condition : que nous faisions rire les hétéros au pouvoir (comprenez
blancs, aisés, minces et valides), que nous soyons gentil·les et que
nous n’affichions pas notre style de vie. Deux hommes qui s’aiment
pourquoi pas, mais deux hommes qui baisent non, non, non.
Ryan O’Connell, le créateur et acteur de Special, en a marre
aussi. Avec cette série, largement inspirée de sa vie, il souhaitait
montrer la réalité d’une personne atteinte de paralysie cérébrale. On y
voit aussi bien des problèmes propres à sa situation (notamment le
regard des autres, son refus de s’accepter, sa difficulté à vivre sans
aide) que des morceaux de vie universels (son crush pour un mec maqué,
sa boss tarée, une déception amicale). Quant aux scènes de cul… Vous n’avez jamais rien vu comme ça
(#nospoiler). C’est que Ryan O’Connell est énervé que les films et
séries nient nos vies sexuelles, les fassent disparaître à la Call Me By Your Name. Il a expliqué à Vulture
qu’il était impossible que sa série sorte sans scène de sexe. Trouver
une boite de production et un distributeur pour une telle série n’a pas
été facile. Il l’explique très bien dans cet article. Je vous conseille
de le lire en entier car Ryan O’Connell y parle de sa vie de façon si
drôle (meilleur coming-out du monde), qu’il partage les coulisses de la
création d’une série Netflix et dit des choses très intéressantes sur la
représentation des personnes handicapées et/ou LGBT+ dans les médias.
J’ai essayé de me rappeler si j’avais déjà vu une autre série avec un·e
LGBT+ en situation de handicap et je n’en ai trouvé qu’une : This Close, une série sur un gay sourd à la vie sexuelle intense. Evidemment, cette série (géniale comme je vous le disais il y a quelques mois) était uniquement diffusée sur l’obscur site de streaming américain Sundance Now. Il est temps que cela change. J’espère que le succès inévitable de Special va permettre à plus de personnes en situation de handicap de raconter leurs vies.
L’icône : Keiynan Lonsdale ? |
Avant de remporter le rôle de Bram dans Love, Simon, Keiynan Lonsdale était un acteur/chanteur australien parti chercher la célébrité à Hollywood comme un autre. Mais le pouvoir de Love, Simon est fort. Pendant le tournage, il a canalisé le courage de son personnage et a fait son propre coming-out. Depuis il est queer as fuck. Vraiment ! C’est une licorne de gender-fluidité aux looks épatants. (Je vous conseille ce joli portrait de lui dans Them.) En amont du Met Gala qui aura pour thème le “camp”, Vogue l’a fait poser aux côtés d’un autre acteur queer as fuck : Ezra Miller. C’est beau et rafraîchissant. (Photo ci-dessus extraite de Vogue)
L’actu paillettes ✨ |
Je vous ai déjà parlé de mon amour pour Roswell, New Mexico. Ca vire à l’obsession. Le seul truc qui me gênait : il n’y avait pas d’acteurs et actrices LGBT+ pour jouer les personnages gays et bis. Devinez quoi ? Tyler Blackburn qui joue Alex (et aussi Caleb dans Pretty Little Liars) vient de faire son coming-out bi ! Je sais aussi de mon stalking des acteurices et de la créatrice de la série que c’est un petit ange exceptionnellement gentil. Go Tyler !! [Têtu]
Côté cinéma prestigieux, Cannes se prépare. On a désormais la liste de tous les films queers en lice. L’un deux, Port Authority, mettra en scène une femme trans noire, jouée par une femme trans. Inutile de dire que c’est une première. [Têtu / Out]
Le premier épisode de Gay of Thrones, le récap de Game of Thrones par Jonathan Van Ness, est sorti. Et c’est exactement ce que vous pourriez attendre de Jonathan Van Ness : une vidéo extrêmement drôle mais uniquement accessible à celles et ceux qui s’y connaissent très bien en culture gay américaine. [The A.V. Club]
Ryan Murphy chéri continue d’annoncer des projets (quand dort-il ?). Il va adapter pour Netflix la pièce de théâtre The Boys in the Band, une pièce des années 70 sur un groupe d’hommes gays, avec un casting constitué uniquement d’acteurs out, et pas n’importe lesquels : Jim Parsons, Zachary Quinto, Andrew Rannells, Matt Bomer et Charlie Carver. [Playbill]
Difficile d’oublier que Coachella a lieu en ce moment. Le festival a beau être la propriété d’un homophobe notoire, de nombreuses et nombreux musiciens queers sont ou vont monter sur scène. Voici la liste. Also, saviez-vous que Calypso Rose était mariée à une femme ? [Them]
J’adore le compte instagram de Lachr Watson. L’actrice non-binaire découverte dans Les Nouvelles Aventures de Sabrina y poste de super photos d’elle qui défient toutes règles de genre. La semaine dernière, elle montrait fièrement ses cicatrices post-mamo dans une magnifique photo à l’occasion de ses 18 ans. [Instagram]
Le quart d’heure musical ? |
A priori, pas de newsletter les deux prochaines semaines, je serai occupée à arpenter l’Australie. Pour me faire oublier (et avoir une occasion de me la péter avec ma vie de globe-trotteuse), je vous propose une playlist d’artistes queers australien·nes. J’étais à deux doigts de vous remettre du Troye Sivan et puis j’ai décidé de laisser de la place à des artistes moins connu·es en France comme le couple ultra mignon Cub Sport. A retrouver sur Spotify et Deezer.
Hasta la vista chicas & chicos,
Aline
