Mes chers chatons et chatonnes,
Vous le savez, j’adore vous préparer des newsletters tellement longues que Gmail les coupe avant même le gif de conclusion. Mais cela me prend pas mal de temps or, en ce moment, je manque de temps. Pour une fois, ce n’est pas parce que je binge-watch trop (c’est un sacrifice que je suis prête à faire pour vous offrir une information complète) mais parce que j’ai plus de travail que d’habitude et que je m’apprête à passer deux mois sur la route (je vais notamment dans le pays de Please Like Me ?).
Comme je tiens vraiment à vous envoyer un email toutes les semaines pour ensoleiller vos dimanches gueule de bois et/ou glandouille, je vais commencer à alterner des formats longs et des formats courts. Voici le premier format court.

Depuis quelque temps, Ariana Grande lâche des petits bouts de phrases qui indiqueraient qu’elle aurait été avec des femmes. Dans sa dernière chanson, “Monopoly”, elle a carrément chanté “I like women and men (yeah)”. Évidemment, ça a créé le buzz. Est-elle bi, pan, curieuse, fake ? Je dois vous avouer quelque chose : son teasing m’énerve.
J’ai beaucoup de mal avec les “célébrités hétéros” qui partagent leurs expériences (réelles ou inventées) avec des personnes du même sexe, surtout quand elles ont beaucoup de fans gays. Les bi et pansexualités sont de vraies orientations sexuelles, pas une technique marketing pour faire le buzz et se rapprocher de la communauté LGBT. Le queerbaiting non merci. Et franchement insultant que certaines personnes s’approprient ainsi notre réalité. Quel manque de respect.
Vous me direz Ari n’a jamais dit qu’elle était hétéro, qu’elle a bien le droit de préférer ne pas se coller une étiquette, qu’elle est jeune et qu’elle est toujours en train de se découvrir. Je suis bien d’accord. Chacun·e sa vitesse, chacun·e sa visibilité. Mais après des chansons comme “All the things she said” de tATu et l’odieux “I kissed a girl” de Katy Perry, je suis plus méfiante que de raisonnable. Alors quand je vois une chanteuse comme Ariana Grande qui, il y elle a encore peu, parlait de la communauté LGBTQ+ comme si ce n’était pas la sienne, comme si nous étions les autres (cf la polémique autour de sa participation à la Manchester Pride), et qui maintenant chante aimer aussi les femmes, je me méfie.
Je ne sais rien de la vie d’Ariana Grande. Elle est probablement quelque part sur le spectre, qui suis-je pour le savoir ? Je ne suis pas la police de l’orientation sexuelle et personne ne devrait l’être. Je suis juste fatiguée que mon orientation sexuelle soit utilisée comme une technique de vente. J’attends avec lassitude que ce vieux coup marketing soit démodé pour ne plus avoir à douter des célébrités qui s’expriment sur le sujet.
Sur le site américain Them., la journaliste Trish Bendix rappelle qu’Ariana fait partie d’une nouvelle génération qui ne veut plus d’étiquette, qui est plus fluide que toutes les générations précédentes. Je comprends bien, mais la vieille de 31 ans que je suis a envie de voir des stars revendiquer des étiquettes.
Les étiquettes sont utiles, elles nous aident à mieux comprendre qui nous sommes, à nous positionner dans le monde, à nous sentir moins seul·e. Sans étiquette, on ne peut pas étudier les LGBTophobies, faire avancer nos droits ou lutter contre les discriminations.
Surtout, j’aimerais que les célébrités qui bénéficient du buzz du coming-out soient plus visibles, plus engagées. Qu’elles ne se contentent pas de quelques phrases lors de la sortie d’un album mais qu’elles continuent à mettre le sujet sur le devant de la scène les mois et les années suivantes. Je sais bien que c’est égoïste, que c’est leur vie, que tout le monde n’a pas envie de s’engager ou de parler de sa vie privée. Mais il y a une femme queer méfiante et fatiguée qui sommeille en moi et qui me fait penser n’importe quoi.
Sortez le pop-corn ? |
? Please like me, Netflix
Josh habite à Melbourne, il vit en coloc avec son meilleur ami Thom et vient de se faire plaquer par sa copine. La raison : il est gay mais ne le sait pas. Josh n’est pas votre vingtenaire à l’arrache habituel. Josh a un physique de “vieux bébé de 50 ans”, parle beaucoup et est pour le moins excentrique. Son personnage est parfois irritant mais toujours émouvant. Il est entouré d’une ribambelle de personnages inhabituels comme son pote hétéro Thom, sa mère suicidaire Rose ou leur amie lesbienne et dépressive Hannah.
Si la série fait autant rire et émeut autant, c’est qu’elle est très personnelle. Créée en 2013 par le jeune humoriste Josh Thomas, qui joue le personnage de Josh, la série est inspirée par sa vie. Elle est co-écrite par son ami d’enfance, Tom Ward, qui joue lui le rôle de Tom. Quant au personnage d’Hannah, il est joué par la géniale Hannah Gadsby (Nanette). Des rôles sur mesure.
Cette série, c’est définitivement la revanche des misfits. Au lieu d’être l’objet de blagues, les personnages vulnérables font ici les blagues. Ils rigolent de leurs vies et reprennent le contrôle. Mais pas question de se mentir. Les personnages relèvent les défis de la vie sans illusion, la vie est dure et leurs problèmes ne vont pas disparaître. Au lieu d’être déprimant, ce réalisme est plutôt un soulagement : nous ne sommes pas les seul·es.
Les quatre saisons sont sur Netflix.
L’actu paillettes ✨ |
L’annulation par Netflix de la série One Day At A Time avait fait grand bruit. Plusieurs chaînes aimeraient lui permettre de vivre quelques saisons supplémentaires mais cela dépendra de la bonne volonté de Netflix. [Vulture]
Taron Egerton, qui jouera Elton John dans le biopic Rocketman, semble déterminé à gagner les cœurs de la communauté LGBTQ+. Pour lui, le film doit comporter des scènes de sexe gay quitte à être censuré en Russie “Qu’est-ce que 25 millions de dollars supplémentaires au box office?” demande-t-il. [Out]
Côté allié toujours, George Clooney appelle à boycotter les palaces appartenant au sultan de Brunei (dont Le Meurice et Le Plaza Athénée). En effet, depuis le 3 avril, l’homosexualité et l’adultère sont passibles de la lapidation à mort à Brunei. Depuis plusieurs hôtels ont fermé leurs réseaux sociaux. [Out]
Dan Levy, créateur de Schitt’s Creek, sait bien que le monde hyper LGBT-friendly de sa série n’est pas une réalité et c’est ok. “Notre objectif, c’est de poser la question : “et si ça l’était ? Ne serait-on pas plus heureux si l’on pouvait s’aimer sans se cacher ?”” [Gay Times]
Marvel aurait trouvé l’acteur ou actrice out qui jouera dans son film sur les Eternels : la bisexuelle Angelina Jolie. Je préférais une actrice que les gens identifient immédiatement comme LGBT+, qui soit en couple avec une personne du même genre ou qui s’exprime sur le sujet, mais que voulez-vous… [Premiere]
Woup woup. La K-pop a sa première chanson et son premier clip gay, et c’est très Call Me By Your Name. [Out]
L’animateur de télé suisse Sven Epiney a demandé son compagnon Michael Graber en mariage lors d’une émission de danse diffusée en direct. Évidemment, c’était en Suisse alémanique parce qu’on sait bien que le progrès ne vient jamais des pays francophones. [Têtu]
Broad City a tiré sa révérence. Un rare exemple d’amitié entre deux femmes queers à l’écran. [Them.]
Le quart d’heure musical ? |
Cheek Magazine a publié un article bien cool sur les chansons qui parlent de sexe lesbien, cela appelait à une playlist sur le thème (en plus ça me permettait d’y mettre l’intriguante et cash Ängie). A retrouver sur Spotify et Deezer.
Aussi erratum : apparemment Aloïse Sauvage est hétéro. C’est mon deuxième erratum en deux semaine, je ne sais pas où me mettre.
Sur ce, je vais retourner à ma valise. J’y mettrai encore plus de vêtements noirs qu’à l’habitude car je suis en deuil. Le dernier épisode de Crazy Ex-Girlfriend a été diffusé vendredi soir aux Etats-Unis et je sens que ma vie a perdu de son éclat. Pour l’occasion, j’ai fait un top 10 des chansons de la série, queer edition.
Des bisous,
Aline
