Cette semaine, je vais vous parler du mouvement musical le moins pop possible : le punk.

J’ai découvert le punk des années 70 au lycée après avoir abusé de Blink-182 et Offspring au collège. Des Ramones, je suis passée au Clash et des Clash aux Buzzcocks. Les Ramones me permettaient de crier ma rage, les Clash d’exprimer ma haine du moutonnisme de notre société et les Buzzcocks de chanter mon besoin d’amour.

Il m’aura fallu quinze ans pour comprendre pourquoi les chansons des Buzzcocks me touchaient tant. En lisant des articles sur Pete Shelley, le chanteur, à la suite de son décès en décembre dernier, j’ai découvert une “anecdote” qu’il n’avait jamais cachée : il était queer. Ma. tête. a. explosée.

Comment avais-je pu ne pas le savoir, ne pas le voir ? C’était pourtant évident, les titres de ces chansons (Ever fallen in love (with someone you shouldn’t fall in love with), Why can’t I touch it) disaient tout, son clip pour Homosapien le révélait, son utilisation du genre neutre dans ses chansons le confirmait.

Pete Shelley dans le clip d’Homosapien

A l’époque où j’ai découvert le punk, je ne me savais pas encore queer. Je savais que j’étais différente, que j’avais l’impression que je ne trouverai jamais ni ma place dans la société ni l’amour. Le punk était mon jardin secret.

Des années plus tard, en 2008, j’ai enfin vu les Buzzcocks en concert, hasard ou pas, c’était aussi l’année de mes premiers questionnements queers. Mon amie m’avait plantée et j’étais heureuse de vivre ce moment seule. Il y avait une telle liberté. Des quinquagénaires en veste en cuir, des mecs en costard, des ados copies conformes des punks des années 80, chacun·e pouvait être comme elle ou il le sentait. C’était l’esprit punk comme je l’avais imaginé.

Il m’a fallu des années pour retrouver ce sentiment… en soirées queers. La philosophie queer propose la même critique du système en place, de la normativité omniprésente, de l’oubli de soi par la consommation.

A 30 ans passés, il m’arrive encore de m’énerver quand une personne prononce le nom de Punk en vain. Cela fait bien rire les gens, et je les comprends : je n’ai vraiment rien d’une punk avec mon emprunt immobilier, mon iPhone (et ma newsletter popcorn unicorn).

Ce qu’elles et ils ne savent pas (et que je viens juste de comprendre), c’est que ce mouvement représente une époque où je me cherchais, ce moment étrange où j’avais compris ma différence sans avoir les mots à mettre dessus. Mon intérêt pour le punk était queer, le punk était queer, j’étais queer.

Je ne suis jamais allée très loin dans mon amour pour le punk. J’étais bien trop sage pour ce mouvement et j’avais peur inconsciemment d’accepter ma différence. Je ne me suis jamais non plus plongée dans le mouvement des Riot Grrrls. Est-ce parce qu’elles étaient moins connues ? Ou parce que ces femmes énervées me faisaient peur ? L’hétéronormativité m’a empêché de voir la queerness du punk mais le punk m’a permis de voir ma queerness.

Nous avons tous et toutes une musique qui nous a permis d’exprimer notre différence. A une époque où je ne comprenais rien à mon identité, Pete Shelley m’a permis de comprendre que je n’étais pas seule.

Si cela vous intéresse vous pouvez écouter Pete Shelley parler des débuts des Buzzcocks (dans des bars gays car les bars “normaux” n’osaient pas), vous plonger dans l’origine queer et androgyne du punk des années 70, découvrir l’histoire de la scène punk queer aka « queercore » dans le Guardian, regarder des témoignages de punk ass queers ou visionner ce reportage sur le premier char punk de la Pride londonienne.

Sortez le pop-corn ?

 ? Crazy Ex-Girlfriend

Crazy Ex-Girlfriend, c’est un peu le gift that keeps on giving. Cette série qui a commencé comme une comédie loufoque et musicale dans laquelle une avocate fout sa vie en l’air pour emménager dans la même ville pourrie que son ex de colonie de vacances afin de le “récupérer” s’est imposée comme une des séries les plus intelligentes du moment.

Si les personnages semblent à première vue très clichés (l’ex folle, le gay qui passe son temps à la gym, la mère de famille désabusée, etc), c’est fait exprès. Aidée par ses numéros musicaux parodiques géniaux et une écriture pleine de nuances, la série s’est amusée à chercher ce qui se cachent derrière ces stéréotypes et à questionner notre façon de penser le genre, les rapports amoureux, la sexualité et surtout les troubles mentaux.

Discrètement, cette série est aussi devenue un miracle d’inclusivité LGBT+. Elle met en scène un quinqua bi plouc, un beau-gosse gay, une bi fem, une jeune femme évidemment pansexuelle puisque gen Z et offre le rôle du love interest hétéro au danseur/acteur gay Vincent Rodriguez III. Si la chanson “Getting bi” est devenu un hymne bi, la série a beaucoup plus de délices LGBT+ à offrir.

Attention, n’allez pas croire qu’il faut regarder cette série juste parce qu’elle est inclusive ! Cette série a séduit tou·tes mes ami·es, mêmes celles et ceux qui n’aiment pas les comédies musicales. Elle est excessivement drôle, bien écrite et touchante. Si vous avez cinq ou sept heures devant vous, je peux vous proposer des entrées pour ma prochaine conférence “Analyse des meilleures blagues de Crazy Ex-Girlfriend ”. C’est gratuit.

La série diffuse en ce moment ses derniers épisodes et se conclura par un concert live reprenant quelques unes des 150 chansons écrites pour la série !

Deux premières saisons disponibles sur Netflix.

? Rock and Riot

Et si les personnages de Grease était queers ? Chelsey Furedi (@cheriiart) donne un twist LGBT+ aux histoires de gangs d’ado·es rebelles sans cause. C’est mignon, drôle, bien dessiné et super inclusif. Un comics façon gen Z gender-fluid. Yes, more please. C’est à lire sur rockandriotcomic.com !

 

L’actu paillettes ✨

OMG. On en sait plus sur Jagged Little Pill, la comédie musicale écrite par Diablo Cody à partir de chansons d’Alanis Morissette. Je vous le donne en mille, ce sera queer. [Out]

Bilal Hassani a ouvert les yeux des Français·es : non, l’Eurovision n’est pas un télécrochet ringard. Est-ce que cela veut dire qu’on peut gagner ? [Slate]

Evidemment, cela fait rager le rageurs homophobes et racistes. 200 plaintes ont été déposées pour injures, provocation à la haine et à la violence, et menaces homophobes. L’attaque extrêmement violente de l’acteur noir et gay Jussie Smollett (Empire) aux Etats-Unis nous rappelle que ces attaques ne sont pas “que des mots”. [Numerama / Marie-Claire]

C’est officiel The L Word fera son retour en 2019. Et oui Shane sera de la partie. [Vanity Fair]

Dans la suite de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, la blague, c’est les lesbiennes. Alexis Patri nous explique l’ampleur des dégâts. [Têtu]

Surprise, il y aura un biopic sur David Bowie. J’attends de voir le résultat [Franceinfo]

Encore un homme cis pour jouer une femme trans. Cet article explique parfaitement pourquoi c’est problématique. Être trans, ce n’est pas se déguiser, ce n’est pas jouer un rôle. [Out]

 

L’alliée unicorn : Natasha Lyonne ?

Elle a la voix rauque, une swag maxi-goudou, une attitude saphique, un talent pour porter des costumes, une liste de rôles lesbiens à faire pâlir Kstew (enfin presque) et pourtant, elle est hétéroe. Elle, c’est Natasha Lyonne.

Au Gouinistan, on l’adore pour ses rôles dans But I’m a cheerleader et Orange is the new black. En Hétéroland, on l’a connait pour son rôle dans les American Pie. Mais, étrangement, elle n’avait pas eu un rôle principal dans un série ou film grand public. L’erreur est rectifiée depuis vendredi, jour de la sortie de Poupée Russe, sa série Netflix.

Dans cette série, qu’elle a co-créée avec Amy Poehler et Leslye Headland, elle joue une gosse de riche de New York avec de l’humour, beaucoup de répondant et un penchant pour la drogue (son type de personnages de prédilection… autobiographique) qui revit en boucle la journée de sa mort. Elle y a une pote lesbienne sexy, porte des costumes à faire faillir et signe un de ses plus grands rôles. Difficile de ne pas binger cette série belle, profonde et prenante.

Et on nous dit de ne pas crusher sur les straight girls…

Le quart d’heure musical ?

Votre sélection pop punk 100% artistes queer. A retrouver sur Spotify et Deezer !


Sur ce, à la semaine prochaine mes chatons !

Xoxo, Aline